La parole à Guillaume de Bodard, président de la commission Environnement et Développement Durable de la CPME

Date :

L'Etat aide‑t-il suffisamment les PME à se verdir ?

Oui. Depuis dix à quinze ans, deux acteurs historiques sont montés en puissance dans cet accompagnement des TPE‑PME. D'abord l'Ademe, dont l'expertise est ancienne sur le sujet et qui connaît bien le tissu de PME grâce à ses antennes locales. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, aujourd'hui appelée Agence de la transition écologique, travaille en lien avec les fédérations professionnelles, ce qui lui permet de bien connaître les besoins par métier. L'autre opérateur public très présent sur le sujet, c'est Bpifrance, même s'il s'adresse à des entreprises un peu plus grosses. Les chambres consulaires sont aussi présentes mais gagneraient à être plus proches des fédérations. Elles sont sans doute plus efficaces dans le secteur artisanal.

 

On parle d'un maquis d'environ 340 aides… Les dirigeants ont‑ils facilement accès à ces dispositifs ?

Je doute que les trois millions d'entreprises soient au courant de tous ces dispositifs ! Il est dommage que ces aides soient méconnues. C'est comme le crédit d'impôt recherche : ce sont les grands groupes qui en bénéficient le plus, simplement parce qu'ils ont le temps et les compétences en interne pour monter les dossiers de demande. Or, sur un sujet aussi compliqué que la transition écologique, s'il n'y a pas d'aide ou d'accompagnement faciles d'accès, le dirigeant n'en fera pas un sujet prioritaire. Les PME qui sont sur des secteurs stratégiques (éolien, batterie…) ou, globalement, celles qui sont dans l'industrie sont facilement soutenues, mais pas les autres. Je citerai deux dispositifs qui, à mes yeux, fonctionnent plutôt bien auprès des TPE‑PME : le Diag Eco- Flux et le programme Tremplin.

 

Que faire pour rendre ces aides plus lisibles ?

La difficulté réside dans la multiplicité des aides et des opérateurs, qui doivent se coordonner davantage. Nous avons demandé la mise en place d'un guichet unique qui répertorie les aides nationales et locales, et qui indique, en  fonction de la taille de l'entreprise ou de l'activité, les aides éligibles. Quelque chose de simple. Nous disons à nos entreprises : allez‑y, il faut vous lancer dans la transition écologique. Mais il ne faut pas complexifier les choses. Attention à la pression réglementaire. C'est déjà le cas pour la directive européenne CSRD (qui impose le reporting des données extra‑financières), qui est une usine à gaz pour les TPE‑PME. Même si l'obligation ne concerne que les entreprises de plus de 250 salariés, les donneurs d'ordre commencent déjà à demander la même chose à leurs sous‑traitants. Pour réussir la transition écologique des PME, il faut aussi alléger le fardeau administratif.

 

Source : Les Echos - 20 novembre 2023