Développement de la RSE dans les TPE‑PME : la parole à Guillaume de BODARD, président de la commission Environnement et Développement durable CPME
Depuis une quinzaine d’années, la CPME est convaincue que la RSE doit être promue dans les TPE‑PME. Confédération nationale, elle agit sur ce sujet pour soutenir les TPE‑PME en lien étroit avec ses réseaux de fédérations professionnelles et d’unions territoriales. Organisation patronale elle dialogue avec les partenaires sociaux et les pouvoirs publics pour faire entendre le point de vue des TPE‑PME qui, de plus en plus nombreuses, prennent des initiatives en matière de RSE.
Pour en témoigner, Guillaume de Bodard, Président de la commission Environnement et Développement durable CPME, a accepté de répondre à nos questions.
Aujourd’hui, au regard des fortes pressions économiques, sociales et environnementales, peut‑on considérer la RSE comme une opportunité pour une TPE‑PME ?
"Aujourd’hui, la question de la RSE concerne fortement et plus directement les TPE‑PME, impactées par des évolutions réglementaires et invitées par leurs clients à témoigner de leur engagement sociétal (questionnaires, plateformes). Qui plus est, elles ont aussi à répondre à des attentes exprimées sur l’effectivité de cet engagement - notamment par leurs salariés ou futurs embauchés.
La concrétisation de la RSE par les TPE‑PME est donc désormais essentielle. Elle doit permettre à chaque entreprise, d’intégrer de nouvelles pratiques répondant à des nécessités de transformation, conciliant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. La prise en compte de ces trois piliers du développement durable implique généralement l’adaptation de la gouvernance de l’entreprise et nécessite un engagement affirmé de son dirigeant. C’est là une condition particulièrement importante dans une PME pour assurer une inclusion réelle et bénéfique de la RSE dans sa stratégie et dans ses activités. C’est ainsi que l’on peut en faire une opportunité".
Quels arguments mettre en avant pour encourager les TPE‑PME à faire de la RSE et transformer ce qui peut apparaître comme une contrainte en opportunités ?
"Il faut simplement faire état des apports d’une telle démarche pour une TPE‑PME. Cela lui permet de renforcer sa crédibilité à l’égard de ses donneurs d’ordre et de faire valoir ses atouts en répondant à leurs questionnaires ou audits spécifiques ou à ceux de plateformes évaluatives de type Ecovadis. Ce faisant, l’entreprise anticipe de nouvelles contraintes de ses marchés ; elle se prépare à répondre aux exigences liées à la directive CSRD qui nécessiteront de mesurer les impacts des activités de l’entreprise et de les réduire.
Pour certaines TPE‑PME, la RSE présente aussi des opportunités de business et pour la plupart, elle invite à mettre en œuvre une communication sincère qui renforce leur image et leur crédibilité auprès de leurs clients et parties prenantes. Ainsi, la démarche RSE participe à l’accroissement de l’attractivité d’une entreprise. C’est aujourd’hui un de ses apports très bénéfique car cela intéresse les équipes en place et devient un argument qui favorise les possibilités de recrutement. La RSE permet à l’entreprise de mettre en cohérence son projet avec les attentes de la société. Elle contribue à renforcer le dialogue social et à fidéliser les collaborateurs. De plus en plus nombreux sont les dirigeants de PME qui en témoignent.
Enfin, et c’est peut‑être l’argument numéro un, la RSE invite à responsabiliser différemment et à mettre en œuvre un management porteur des transformations de l’entreprise pour la rendre globalement plus performante et mieux adaptée aux enjeux de notre société. L’engagement en RSE permet l’émergence de réflexions très opérationnelles, tant en matière de pratiques, que d’organisation et de management. Il est favorable à la mise en œuvre d’innovations technologiques et opérationnelles".
Quelles recommandations feriez‑vous alors à une TPE‑PME qui souhaiterait mettre en œuvre une démarche RSE ?
"C’est, tout d’abord, bien comprendre le sujet et ses enjeux pour l’entreprise : de quoi parle‑t-on ? En quoi sommes‑nous concernés ? C’est notamment ce qui éclaire et fonde l’indispensable engagement de la direction.
Vient ensuite la question du programme : par quoi commencer ? Quels types d’actions privilégier ? Comment établir un premier plan d’action réaliste et pertinent ? Comment y associer les acteurs de l’entreprise et ses parties prenantes ? Ceci questionne en particulier sur l’identification de celles ou ceux qui, auprès du dirigeant, devront jouer un rôle moteur pour intégrer la RSE les activités de l’entreprise.
Enfin, l’efficacité d’une telle démarche repose sur la capacité de l’entreprise à utiliser des outils bien adaptés à ses activités et à son profil. De ce point de vue, l’inscription à des programmes sectoriels de découverte et d’accompagnement peut être une bonne opportunité de faire ses premiers pas en RSE en tirant avantage d’un benchmark et d’une mutualisation de pratiques inter‑entreprises. A défaut de l’existence de telles possibilités au sein de sa filière, on peut également explorer d’autres offres d’accompagnement dans une logique d’ouverture aux parties prenantes. Dans tous les cas, pour gagner du temps et être efficace, il est conseillé de se faire aider et de profiter des possibilités de partages d’expérience".
En matière de RSE, quelles sont les positions et actions de la Confédération pour faire valoir les intérêts des TPE‑PME dans les concertations en matière de normes et de réglementation et pour les encourager, les soutenir et valoriser leurs engagements ?
"Qu’il s’agisse de gestion environnementale ou sociale, la CPME est la voix des TPE‑PME dans les discussions qui concernent les cadres normatifs et réglementaires. Elle y contribue activement en prenant position sur les textes, en participant aux travaux préalables à la définition des règles applicables et des recommandations. Cela s’effectue en associant les fédérations professionnelles pour faire valoir au mieux les spécificités des entreprises, liées à leurs filières et à leur taille.
Pour la Confédération, une RSE volontaire, incitative et adaptée aux enjeux sectoriels des TPE‑PME constitue un gage de performance. C’est dans ce sens que nous œuvrons pour la promouvoir et pour la faire reconnaître par des labels sectoriels. Le soutien aux entreprises se concrétise au niveau des fédérations professionnelles et des CPME territoriales par la mise en œuvre d’actions, toujours plus nombreuses, d’accompagnement de leurs propres adhérents dans leurs démarche RSE".